AECVF ÉDITORIALISTE LE TIBOUREN, UN CÉPAGE TYPIQUEMENT PROVENÇAL

LE TIBOUREN, UN CÉPAGE TYPIQUEMENT PROVENÇAL

Auteur : Oliver DEFORGES

Pour commencer, je souhaite me présenter. Je suis Oliver DEFORGES responsable de la partie production du domaine viticole Clos Cibonne au Pradet en France. Ce qui consiste à mettre en place une logistique de travail à la vigne afin d'arriver à des raisins de qualité pour pouvoir ensuite s'en servir lors de la vinification et d'arriver à des produits de grandes qualités. J'ai été formé  à l’université de Bordeaux Œnologie et Viticulture  durant 3 ans ainsi qu'à l'université Sup Agro de Montpellier durant un an.  Pendant les prochains mois, nous allons parler de différents sujets tels que L’histoire du domaine, les méthodes de travail en viticulture et en œnologie utilisée en Provence et en France pour élaborer du rosé et bien d’autres sujets encore.

Aujourd’hui, nous débuterons par la connaissance d’un très vieux cépage et très peu répandu qui se nomme le Tibouren.

Le Tibouren est un cépage du bassin méditerranéen qui remonterait à la plus haute antiquité. On en retrouve trace dans la basse Mésopotamie, ou encore en Babylonie dans les jardins de Chaldée. Les négociants phéniciens l’importèrent en Grèce d’où il vint à Rome puis sur la côte Ligure.

Certains écrits montrent que Jules César d’abord, puis Horace, l’ami de Virgile, le protégé d’Auguste ont loué les vins de Tibur, alors produit en Italie sur les coteaux de la plaine du Tibre, dont ils aimaient se délecter. Ce sont les Romains qui l’introduisirent en Gaule dans la région d’Antibes. Il fut d’abord baptisé plant d’Antibes. Puis ensuite planté dans la région de Massalia, la vigne reprend son nom originel de Tibur ou encore Tibour avant d’être provencialisé en Tibouren.

Ce cépage peuple alors les coteaux de La Malgue, à deux pas du Pradet et contribue à donner son nom à la baie des Vignettes aux portes de la baie de Toulon. Mais cette vigne est capricieuse et fragile. Elle sera peu à peu délaissée avec l’arrivée à la fin du  XIX siècle du phylloxéra qui obligea de greffer les cépages français sur des plans américains pour les épargner de cette maladie qui a ravagé le vignoble mondial.

C'est André ROUX, mon arrière-grand-père, qui dans les années 1930 décida de faire greffer ce vieux cépage sur les portes greffes américains et donc de sauvegarder ce vieux cépage.

Ce vieux et précieux cépage  a failli disparaitre à cause de plusieurs raisons :

Le raisin de Tibouren est sensible aux caprices du temps et aux maladies avec sa peau très fine et sensible à l’oïdium.

Les anciens disent que ce cépage nécessite la proximité de la mer pour pouvoir diminuer les différentes maladies telles que le mildiou ou l'oïdium.

Pas très productif, ce cépage, au développement un peu anarchique est atteint d’un millerandage variable d’une année à l’autre.

Ces inconvénients majeurs se sont avérés être cependant un atout sur le plan de la qualité avec un raisin très sucré, sur une grappe aérée du fait des gros et petits grains.

Cela permet donc à ce cépage de donner des goûts allant des fleurs blanches aux agrumes jusqu'à des arômes de poivre blanc lorsqu'il est oxydé de manière contrôlée.

Ce qui va le différencier des autres cépages que l'on retrouve en Provence tel que le Grenache, le Cinsault, la Syrah ou le mourvèdre, sur le plan œnologique on trouvera une certaine puissance en bouche et une rondeur plus accentuée que sur ces autres cépages. Ce qui va donner un vin rosé plus vineux que les rosés que l'on retrouve actuellement sur le marché Français qui ont tendance à être très clair, très frais et très aromatique.

Aujourd’hui, le Tibouren représente environ 2% à 3 % de l’encépagement en AOP  Côtes de Provence.

Oliver DEFORGES

- Vigneron du « Clos Cibonne »

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